lundi 23 novembre 2009

j'Ensor...et j'y retourne.


Sorcière marionnette, je fréquente les masques et même les squelettes, du coup en route vers Paris, le barbu me dit..." On va aller voir Ensor à Orsay".
J'ai vaguement entendu un chuintement dans les moustaches et je me suis laissé conduire. Me suis retrouvé dans ce qui a été une gare et est devenu un fabuleux musée ou l'on découvre merveille après merveille.
Un grand portail rouge, avec la signature géante d'Ensor, en blanc crémeux nous invite à entrer. De suite, nous nous retrouvons au milieu de peintures , natures mortes luxuriantes, portraits fouillés, paysages lumineux animés de drapeaux frémissants, frissonants de neige fraiche ou éclaboussés de vagues.
C'est entre impressionnisme et expressionnisme, mais les "ismes" je m'en bats l'oeil, là je suis aux anges, je plane, je reviens sur mes pas, je vais d'une toile à l'autre, puis plus loin il y a les dessins.
Des trucs gigantesques dessinés d'un élan grandiose sur deux mètres et des détails de masques d'un centimètre, pinaillés, précis et détaillés, qui se suffiraient à eux mêmes mais qui sont cent différents !
Ensor se saisit de l'histoire de Jésus, sans que l'on puisse savoir si notre homme est mystique ou s'il se sert uniquement de ce sujet si riche en images pour en tirer des images écarlates .
Qu'y a t-il de plus graphique que la crucifixion ? et la Sainte Vierge représentée comme la femme idéale et toujours la plus belle.
Mais la religion catholique a littéralement confisqué cette crucifixion, un peintre qui crucifierait une femme ( c'est arrivé, hein ? Néron? ) ou un noir, s'exposerait très vite à des désagréments divers.

D'ailleurs mon barbu a peint un tableau sur ce sujet, il s'est très vite vu interdit de cimaises par son député ( PS tendance catho de gauche ).
"tu veux me faire perdre les municipales ?!" lui opposa l'homme.
Après un tour du coté de la gauche de la gauche locale qui se fendit d'une analyse mollassonne: " Des goûts et des couleurs, on peut pas discuter "( c'était à Mantes la Jolie )
Il laissa la censure faire son oeuvre...( je vous le fais voir juste au-dessus...)

Le censeur perdit ses chères municipales...

Ensor, malgré un trait de couleur rageur reste dans les clous du mythe.
Puis on découvre les masques...
Mais va dans un troquet flamand, boire une Rodenbach le soir, ou commence la réalité et ou se mettent les masques ?
La Flandre par ses outrances fêtardes, ses courses cyclistes de kermesse ( concours de masques assuré sur les pavés ! ) ses cortèges processionnaires est un Carnaval de tous les jours.
Ensor en est l'interprète inspiré.
La salle des autoportraits est magique et le dernier tableau est pour moi un des plus beau tableaux du monde ( avec le "Printemps" de Boticelli, "Pompèï" de Delvaux ou la série des "Etretat" de Monet ): "l'Autoportrait aux masques".
Tu sors de là avec des étoiles dans les yeux.
Le barbu m'a encore trainé voir "le déjeuner sur l'herbe" et "la falaise d'Etretat" par Courbet.
il avait l'air carrément allumé mon marionnettiste !

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